Le mot de la maire

    ” Mot de la maire”  JUIN 2025

A moins d’un an du prochain scrutin municipal de mars 2026, une vaste enquête menée auprès de plus de 5 000 maires livre un instantané précieux de leur état d’esprit : Qui souhaite se représenter ? Qui envisage de passer la main ? Et pourquoi ? Derrière ces intentions, se dessinent les fractures silencieuses de la démocratie locale, entre lassitude, contraintes budgétaires et rapport altéré aux citoyens. Cette enquête met en évidence une dynamique d’essoufflement dans l’engagement municipal. Il y a une défiance politique de plus en plus importante de façon générale. Le Maire reste malgré tout en France l’acteur politique qui bénéficie du plus fort crédit : 70% de confiance. Les adjoints au maire, conseillers municipaux, sénateurs et députés sont aussi bien perçus et appréciés grâce à  leurs relations directes et leur disponibilité envers les citoyens, impliqués 24h/24 dans la gestion du quotidien. Mais ce mandat qui se termine aura vu le plus grand nombre de départ de maires et d’adjoints jamais enregistré (en automne 2024, 2400 maires avaient démissionné et 57000 sièges de conseillers étaient vacants). En 2026, 41,7% des élus disent vouloir se représenter contre 45,5% en 2020. Cette usure, cette lassitude, sont d’autant plus importantes que la taille de la commune est petite et que le maire a une proximité de terrain. Les principales raisons qui amènent à ce constat sont :

Le manque de ressources financières (17 %) et l’exigence trop forte des citoyens (15%) arrivent en tête des motifs. La trop forte exigence des citoyens (74 % des maires en partagent le constat), n’est pas nouvelle mais a pris un tournant inédit au cours de ce mandat en matière de violences à l’endroit des élus. La première de ces violences concerne les incivilités (61 % des maires interrogés déclarent en avoir été victimes depuis 2020), suivies des menaces verbales ou écrites (36 %), des insultes et injures (33 %) et enfin des attaques sur les réseaux sociaux (25 %). En 2024, il y a eu 2500 agressions recensées visant des élus. Il est important de mettre en place un vrai statut de l’élu local. Une proposition de loi en ce sens a été débattue au Sénat en mars et attend un passage devant l’Assemblée nationale. Elle renforcera la protection des élus face aux menaces, violences, outrages ou simplement injures ou diffamations.

Des indemnités insuffisantes (dans les petites communes) au regard du temps investi et des responsabilités endossées.

Un système de retraite insuffisant.

Une fatigue personnelle qui témoigne tantôt d’une forme de lassitude, tantôt de l’envie de prendre du recul par rapport à une fonction chronophage qui laisse peu de repos et de tranquillité d’esprit. En moyenne, les maires déclarent 32 heures hebdomadaires dévolues à la fonction et 3 semaines de vacances par an.

Difficultés face à certains dossiers. Les centaines de témoignages exprimant une réelle difficulté à comprendre et assimiler l’inflation du cadre réglementaire peuvent conduire nombre d’entre eux à s’interroger sur le sens de leur action. Maire technicien ou maire politique ? Ou encore maire de dossier ou maire au contact des citoyens ?

Le cercle municipal, premier soutien. En priorité, les maires déclarent à 32 % faire appel à leur secrétaire de mairie, à un ou plusieurs de leurs adjoints (29 %) et à certains des conseillers municipaux (13 %). Sans surprise, les maires privilégient leur premier cercle de travail et de confiance, loin devant des formes plus institutionnalisées de soutien (préfecture, sous-préfecture, agences de l’État, associations d’élus locaux).

Malgré tout l’envie de servir et d’être utile demeure. Parmi les activités que les maires ont spontanément déclarées comme des moments positifs de leur fonction, ce sont les cérémonies (84 %), les inaugurations (77 %), les rencontres informelles avec les citoyens (75 %), le conseil municipal (70 %). Moins appréciées, les réunions avec les services de l’État (59%) et les réunions publiques (51%) atteignent toutefois un niveau important de satisfaction. C’est l’un des principaux ressorts de l’engagement ou du réengagement : «être utile», «faire œuvre d’intérêt général », « être un bon citoyen». La fonction de maire use et souffre également d’un déficit de reconnaissance

Conclusion La démocratie municipale n’est pas en danger et reste un rouage essentiel du lien entre représentants et représentés. La forte confiance des Français à l’endroit de leur maire (70 % en novembre 2024, enquête Fractures Françaises) depuis une quinzaine d’années est le socle de la vitalité démocratique locale. Mais elle reste fragile et repose avant tout sur la proximité incarnée par les maires et globalement sur une éthique de la fonction à travers l’exemplarité perçue par les citoyens. La contrepartie de cette bonne appréciation est l’exigence renforcée des administrés avec des accès de violence qui pèsent sur le moral des maires (en raison de la nature des incivilités et de la solitude pour y répondre) et la montée des attentes sociales qui dépassent largement le champ de compétences des maires.

Le tableau dépeint par cette enquête n’est ni sombre, ni alarmant : il est juste réaliste. Il correspond aux transformations de la société française et à l’engagement des équipes municipales pour y faire face et garantir la cohésion, malgré des moyens matériels de plus en plus limités. Ce sont d’abord les maires des petites communes – celles de moins de 500 habitants – qui apparaissent les plus réticents à briguer un nouveau mandat. Pour beaucoup, l’engagement municipal est devenu un sacerdoce, pour lequel la reconnaissance fait souvent défaut. Un attachement qui subsiste, mais se fissure. Et pourtant, le lien au territoire reste fort. La très grande majorité des maires résident dans leur commune, y ont grandi, y sont ancrés depuis longtemps. Leur attachement à la population, à l’histoire locale, à l’action concrète sur le terrain, demeure un moteur puissant. Mais pour beaucoup, ce moteur tourne parfois à vide. À l’heure où la vie politique nationale se polarise, cette enquête rappelle que la démocratie vit aussi à l’échelle des villages, dans les salles des fêtes et les permanences sans secrétaire ou à temps partiel. Et que si les maires venaient à déserter massivement leurs fonctions, c’est tout un pan du pacte républicain qui pourrait définitivement vaciller…

(https://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/etudes-enquetes/enquetes-sur-les-maires-et-les-municipalites/ Enquête  menée par le CEVIPOF, centre de recherche politiques sous la tutelle de l’institut d’études politiques et du CNRS)

L’été arrive heureusement avec ses animations traditionnelles et festives que vous retrouverez dans cet Echo, et certainement accompagnées de beau temps.  Nous aurons en particulier le plaisir de vous retrouver lors de la fête au village sur la place de la mairie, samedi 19 juillet à 20h pour un apéritif convivial, permettant à tous d’échanger et qui sera suivi par une soirée dansante animée cette année encore par le groupe « Mad Else »  et une buvette tenue par le Sou des écoles

Bonnes vacances à tous !

     Anne-Marie Fitoussi