L’histoire des maquis de Tréminis et son tragique démantèlement le 19 octobre 1943
Un « Camp protestant », un mini camp, était installé au dessus de la Sagne de Château Bas, en août 43 dans une baraque de bûcherons, presque sans armes, en attendant mieux ! Le camp du « Pied de la Vallée » dont la finalité aurait été, selon certaines sources, de former des cadres du maquis, s’était créé à partir du mois de juin.
Les baraques étaient construites plus haut, à 1350 m d’altitude au lieu-dit « Le Nid ».
L’effectif du camp s’établissait entre trente et quarante hommes dont la majeure partie étaient très jeunes, entre 17 et 25 ans et venaient d’horizons très divers. Mal armés, ils disposaient toutefois d’une certaine autonomie financière. A la ferme de Sauvanière, madame Bard mettait son pétrin et son four à disposition pour la fabrication du pain. Quant au ravitaillement, il semble ne jamais avoir posé de problème, et le maquis n’a jamais vécu en « parasite » au détriment du village.
Le 19 octobre 1943, c’est une trahison qui a mené les maquis de Tréminis à leur perte. Guidées par Meusard, les colonnes allemandes attaquent à l’aube. Pour encercler le camp du « Pied de la vallée », elles arrivent à la fois par cette route et de l’autre côté, par Lus le Croix Haute et La Jarjatte. Au petit matin, le bruit des camions réveille les habitants du village. Le garde forestier, Jean Marie Tref est arrêté et sommé de conduire l’assaillant au camp. En bon connaisseur de la forêt, il prendra de multiples détours. Les maquisards sont surpris et tout s’effondre en quelques minutes. La première victime, Jean Amigoni, blessé, se traîne sur un chemin, non loin d’ici. Il sera rattrapé et achevé d’une balle dans la tête. René Pinguet, Jacques Casanova, André Coutelier, Pisolino et René Perrochon sont arrêtés. Parmi les habitants : Mme Bard dans sa ferme de Sauvanière, Robert et René Barthalais, André Girard et Jean Giraud sont aussi arrêtés. Daniel Girard essuie des coups de feu mais parvient à s’échapper. Le camp protestant s’effondre à son tour. Sont faits prisonniers, René Lescoute, Joseph Laroche, George Siguier et Yves Fabre. Pierre Lortic et Bertrand Deluze étaient absents ce jour-là. A Grenoble, seront arrêtés Francis Lagardère et André Girard-Clot. Le bilan est lourd : un mort et seize arrestations. Les autres maquisards réussissent à s’enfuir guidés par Jean Robin qui connaît bien la montagne. Certains d’entre eux poursuivront le combat à Malleval en janvier 44 ou en Savoie ou dans le Vercors en juillet 44….
Les camps se sont établis et ont vécu une existence éphémère en grande partie grâce à l’appui actif ou, au moins à leur acceptation de la part de la population locale. Les risques étaient énormes, ils ont été assumés.
Aujourd’hui, 70 ans après, nous devons rendre hommage à ceux qui, au plus profond de la nuit, se sont levés pour dire non, il est de notre devoir de redire sans cesse que la liberté nécessite un combat permanent et que ce qui s’est passé il y a 70 ans peut parfaitement se reproduire aujourd’hui, là bas ou ici et l’actualité récente ne fait que le confirmer. Ne lâchons pas la garde, que chacun à sa façon, à son niveau transmette et passe le témoin aux générations suivantes.